Assurance

Patrimoine bâti

Un seuil symbolique a été franchi ! Au mois d’octobre 2019, l’ECAP a passé le cap des 50’000 polices d’assurance, reflétant ainsi l’accroissement du nombre de bâtiments sur le territoire cantonal. Pour mémoire, les étapes précédentes en terme d’effectifs de bâtiments remontaient respectivement à 1977 (35’000), 1990 (40’000) et 2003 (45’000). Pour l’anecdote, au 31 décembre 1817, la Chambre d’assurance de la principauté de Neuchâtel et Valangin assurait déjà 7’455 bâtiments sur le territoire cantonal.

La valeur du patrimoine bâti neuchâtelois, assuré par l’ECAP, se monte à fin 2019 à 56.984 milliards de francs en augmentation de 1.5 % sur 12 mois. C’est la région Val-de-Travers qui connaît la plus forte augmentation de valeur (+2.57 %) alors que les 3 autres régions se situent toutes en 1.43 et 1.45 %. Si aucune modification d’indice n’influence ces taux, un effort particulier a été consenti pour rattraper un certain retard d’estimations dans la région Val-de-Travers et respecter la périodicité de 10 ans entre deux estimations. Cette augmentation est donc partiellement due à un effet statistique.

Types de construction et classes d’usage

L’introduction du tarif 2020 a entrainé une refonte du système de classement des bâtiments. Les 16 classes de risque existant depuis 2003 ont été réduites à 9. En fonction de leur construction, les bâtiments sont répartis entre les types massifs, intermédiaires et non massifs et selon leur usage en classe de risque faible (A), moyen (B) et élevé (C).

Indice

Lors de sa séance du mois d’août 2019, la Chambre d’assurance immobilière a décidé de maintenir l’indice ECAP au même niveau que l’année précédente, soit 118 points, la variation de l’indice de référence n’ayant pas été jugée significative. En effet, l’indice des prix de la construction Mittelland calculé par l’Office fédéral de la statistique a connu une hausse de 1.19 %, d’avril 2018 à avril 2019, retrouvant ainsi sa valeur de 2012. Le niveau actuel de l’indice ECAP garantit une indemnisation des sinistres conforme aux coûts du marché.

Sinistres

Si l’on pouvait faire abstraction de l’épisode catastrophique des 21-22 juin, l’année 2019 aurait constitué un record dans les annales de l’ECAP. En effet, la sinistralité due au feu a été particulièrement faible (2e plus basse des 30 dernières années). Il en serait allé de même des dommages dus aux éléments naturels qui se situent environ 30 % en dessous de la moyenne des années précédentes.
Dans la réalité, les dommages sont les plus élevés des 20 dernières années, à l’exception de 2013 qui avait vu se combiner une grêle historique et de nombreux incendies importants.

Dommages incendies

Si le nombre de sinistres est proche de celui de l’année précédente (2019 : 224, 2018 : 248), leurs conséquences sont sans commune mesure. Seul un cas dépasse le million de francs alors que la moyenne des sinistres est inférieure à 16’500 francs. Les causes de sinistres affichent également une grande disparité. En 2018, les dommages dus à l’électricité (courts-circuits ou installations défectueuses) se révélaient être la cause principale des dommages, en 2019 ce sont les installations de chauffages qui sont à l’origine de près de 40 % des indemnités. La foudre a, pour sa part, causé près de 8 % des dommages, alors qu’elle ne représentait que 3 % une année plus tôt. Il faut aussi relever que les sinistres dont la cause n’a pas pu être déterminée avec certitude ne constituent qu’un peu moins de 15 % des dommages (2018 : 49 %), même si le nombre de cas non élucidés ne varie pratiquement pas (2019 : 12; 2018 : 14).

Dommages éléments naturels

Il aura suffi de 3 heures dans la nuit du 21 au 22 juin pour faire de 2019 une année que l’on n’oubliera, ni dans la mémoire des habitants de Val-de-Ruz, ni dans les statistiques de l’ECAP. Comme le résume l’État-major de l’organisation de gestion de crise et de catastrophe du canton du Neuchâtel (ORCCAN) dans son rapport, «un violent orage stationnaire a éclaté vers 22h00 vendredi 21 juin au nord-est du Val-de-Ruz, au-dessus de la localité du Pâquier. L’équivalent d’un mois de précipitations est tombé en moins de 3 heures, pratiquement au même endroit.»

Grossis par les eaux de ruissellement provenant des versants boisés voisins, les cours d’eau du Ruz Chasseran et du Seyon ont massivement débordé, leurs débits dépassant rapidement la capacité de leurs lits et vraisemblablement celle des ouvrages de protection existants (bassin-tampon en aval du Pâquier et ouvrage de décharge en amont de Villiers). Charriant gravats, pierres, branches et troncs, l’eau a rapidement recouvert le fond de la vallée entre les villages du Pâquier, Villiers et Dombresson. La violence des flots, semblables à une lave torrentielle déferlant en vagues successives, a emporté plusieurs dizaines de véhicules, arrachant des arbres et inondant de nombreux bâtiments. Une personne est décédée et plusieurs blessés sont à déplorer. Plus de trois cents immeubles ont été touchés.

L’inspectorat des sapeurs-pompiers, présent sur les lieux dès le milieu de la nuit a rapidement passé le témoin aux experts de l’assurance. Au vu de l’ampleur des dommages, il a été décidé d’établir une antenne à Dombresson pour offrir un appui aux assurés. Grâce à l’aide du Service informatique de l’Entité neuchâteloise et du Service de la géomatique, des solutions permettant la répartition des secteurs entre les 7 experts dépêchés sur place, la saisie des données et le suivi des cas sur le terrain en temps réel ont été mis en place en quelques heures.

En définitive, cet épisode dont le temps de retour a été estimé à 150 ans, a causé 327 sinistres pour un coût total de 13.84 millions. La violence de l’événement peut être comparée au passage de Lothar en 1999. À l’époque, la presque totalité du canton avait été touchée provoquant plus de 4’700 sinistres pour 11 millions de francs, soit environ 12.2 millions, à la valeur d’aujourd’hui. Le coût moyen des dommages de Lothar se situait à 2’340 francs par cas, celui de Val-de-Ruz est supérieur à 42’300 francs.

Considérant l’ampleur des dégâts et la détresse des propriétaires touchés, la Chambre d’assurance immobilière a très rapidement décidé de débloquer des fonds supplémentaires, à hauteur d’un maximum de 700’000 francs, pour expertiser et indemniser certains dommages survenus aux alentours des bâtiments. Il a en outre été procédé à un versement de 100’000 francs en faveur du fonds d’aide aux victimes.

Durant le reste de l’année, le vent (730’000 francs), la neige (111’000 francs), ou la grêle (19’000 francs) auront causé pour moins d’un million de dégâts au total.

Primes

Grâce à une sinistralité basse et malgré des marchés financiers en berne en 2018, un rabais de 15 % de la prime de base 2019 a pu être accordé. Les primes et contributions 2019 encaissées par l’ECAP se montent à 35.9 millions de francs. Le rabais dont ont bénéficié uniformément tous les assurés représente près de 2.2 millions.

Estimations

Le sinistre de Val-de-Ruz ayant mobilisé tous les experts internes et plusieurs externes, le nombre budgété de 6’000 estimations n’a pas pu être atteint. Ce sont néanmoins 5’450 visites, soit 10.87 % des bâtiments du canton, qui ont été réalisées en 2019. Malgré cela, le rythme décennal dont le principe est défini par la loi est respecté à quelques exceptions près, garantissant des valeurs d’assurance le plus exact possible en cas de sinistre.

Réassurance

2019 aura marqué une étape importante de la réassurance contre les incendies. Un nouveau modèle a été proposé aux ECAs par leur instance faîtière, l’Union intercantonale de réassurance (UIR). Pour la première fois, il est possible de se réassurer, non plus uniquement contre les conséquences d’un sinistre isolé, mais contre la totalité des dommages survenus durant une année. Ce nouveau modèle a permis à l’ECAP de relever sa franchise annuelle de 3 à 5 millions par sinistre isolé, tout en s’assurant une meilleure protection lors d’un exercice particulièrement affecté par des sinistres de moyenne importance. Dès le 1er janvier 2020, la limite annuelle, dite stop loss, est fixée à 20 millions, au-delà desquels le 90 % des dommages est pris en charge par la réassurance.

Inchangée, la couverture contre les éléments naturels a été sollicitée cette année et permettra d’alléger de plus de 4 millions la charge due aux sinistres, en particulier de Val-de-Ruz.

Compte tenu des réserves financières de l’ECAP qui permettent d’absorber les fluctuations courantes de la sinistralité, la réassurance se confirme comme le moyen de garantir la pérennité de l’établissement en cas d’événement exceptionnel. Elle ne sert pas à lisser les résultats annuels dont la variation est inhérente au métier d’assureur.