Assurance
Patrimoine bâti
La reprise du secteur de la construction apparaît au travers de l’augmentation du patrimoine bâti assuré par l’ECAP. La croissance du nombre de bâtiments a été de 0.76% entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021. Ce chiffre est supérieur à celui de 2020 (0.63%). Le nombre total de bâtiments assurés est de 50850 unités auxquels il convient d’ajouter 76 objets n’ayant pas encore été estimés. Cette augmentation est encore plus marquée en termes de valeur puisqu’elle atteint 1.05% (en 2020 : 0.69%), mais elle reste toutefois bien inférieure à la hausse enregistrée en 2019, où elle dépassait 1.5%. Il est important de rappeler que la variation du capital assuré tient compte non seulement des constructions, transformations et démolitions, mais aussi des révisions de valeurs effectuées dans le cadre des estimations périodiques des bâtiments. La valeur du patrimoine assuré par l’ECAP au 31 décembre 2021 est de 57,99 milliards de francs.
De manière plus détaillée, c’est le Val-de-Travers qui a connu la plus forte augmentation de valeur (+1.4%), alors que le Val-de-Ruz et les Montagnes se situent légèrement en-dessous de la moyenne cantonale. En nombre de bâtiments, le Littoral a enregistré la plus forte croissance avec 0.88% devant le Val-de-Travers (0.78%), le Val-de-Ruz (0.71%) et les Montagnes (0.57%).
Variation annuelle | Valeur | Nombre |
---|---|---|
2020 | +0.69% | +0.63% |
2021 | +1.05% | +0.76% |
Types de construction et classes d’usage
La tarification de l’ECAP est fonction de la nature constructive du bâtiment et de son affectation. Depuis 2020, le nombre de catégories a été réduit. La répartition des bâtiments du canton au 31.12.2021 était la suivante :
Estimations
Les réestimations périodiques des bâtiments ont été passablement perturbées spécialement lors de la Malgré les vagues de Covid et l’engagement de près de la moitié des experts externes en appui au service des sinistres, le nombre d’estimations de bâtiments prévu en 2021 est considéré comme atteint. 6004 visites, sur 6100 escomptées, ont permis de respecter le tournus décennal, défini comme principe par la loi. Ces visites se répartissent comme suit :
Visites périodiques 5’209
Après travaux 795
Primes
Selon la décision de la Chambre d’assurance immobilière de novembre 2020, les primes de l’exercice 2021 ont fait l’objet d’un rabais de 20% de la prime de base. Budgété à 2.9 millions de francs, ce rabais s’est effectivement élevé à 2’883’496 francs. Il est appliqué aux primes annuelles comme aux primes partielles facturées en cours d’année.
Les primes encaissées en 2021 se sont montées à 34’435’088 francs, à raison de 11’658’033 francs pour la prime de base, compte tenu du rabais, 12’323’333 francs pour la prime de risque et 10’453’722 francs au titre de la contribution pour la prévention et la défense contre les dommages.
Au vu de la sinistralité de l’exercice, la Chambre d’assurance immobilière a logiquement décidé, lors de sa dernière séance de 2021, qu’il n’était pas possible d’octroyer un rabais pour les primes de 2022.
Indice
Lors de sa séance du mois d’août 2021, la Chambre d’assurance immobilière a pris connaissance d’une hausse de l’indice des prix de la construction Mitteland, calculé par l’Office fédéral de la statistique (OFS), d’environ un point par rapport à 2020. Elle a également constaté que les augmentations enregistrées sur le marché de la construction en lien avec une pénurie temporaire de matières premières n’avaient pas encore pleinement influencé l’indice de l’OFS et qu’il était difficile de juger du caractère durable ou temporaire de ces hausses. En conséquence, la Chambre a décidé de renoncer à une adaptation de l’indice ECAP. Son maintien à 118 permettra de garantir en 2022 une indemnisation des sinistres conforme aux prix du marché. Toutefois, si les tendances enregistrées devaient se confirmer, une adaptation de l’indice pourrait intervenir pour 2023.
Sinistres
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Autant 2020 avait été une année favorable avec des dommages bien en-deçà de la moyenne des 10 dernières années, autant l’année écoulée affiche un record inverse. Même si les incendies (IN) ont provoqué des dégâts importants, ce sont les éléments naturels (EN) qui font de 2021 l’année de tous les records, tant en nombre de sinistres que d’indemnités dues. Avec un total de plus de 6694 cas annoncés dont 6103 reconnus, le nombre de sinistres dus aux intempéries s’approche des chiffres de 1999, année du passage de Lothar (6861 cas). Cet événement avait marqué les mémoires. Qu’en sera-t-il de 2021, dont les indemnités s’annoncent d’ores et déjà quatre fois plus élevées qu’en 1999 ?
Cette évolution montre clairement l’efficacité des efforts consentis en matière de prévention contre les Toutes causes de sinistres confondues, les dommages de 2021 avoisineront les 60 millions de francs, largement supérieurs aux chiffres de 2013, année calamiteuse sur le front des incendies et de la grêle (41.96 millions de dommages).
Dommages incendies
Des dommages pour 4’343’289 francs ont touché 192 bâtiments. Si le bilan des sinistres incendie est toujours trop élevé pour ceux qui en ont souffert, il n’en demeure pas moins que ces chiffres sont parmi les plus bas des 20 dernières années. Ils représentent en francs presque la moitié des dommages annuels moyens dus au feu survenus depuis 2002. C’est également 15% de cas en moins qu’en 2020. Seuls 5 incendies ont dépassé les 100’000 francs de dommages et parmi eux deux incendies dépasseront le million d’indemnités à La Chaux-de-Fonds et à Cortaillod.
Ils représentent à eux deux plus de la moitié des dommages annuels. Leur cause, à ce jour, n’a pas pu être éclaircie de manière formelle par la police forensique.
En valeur, les incendies ayant touché des bâtiments dédiés à l’habitation représentent 91.45% des dommages. Même si cette proportion est largement influencée par les deux principaux sinistres de l’année, cette catégorie d’usage constitue plus de 80% des cas de sinistres dus au feu.
L’analyse des causes met en évidence la prépondérance des cas de foudre dans l’origine des sinistres. Bien que ceux-ci soient classés comme dommages dus aux incendies et non aux éléments de la nature, selon les statistiques fédérales, ils témoignent des conditions météorologiques extrêmes qui ont prévalu durant l’année. Ils ne représentent toutefois que 3.7% des indemnités. Parmi les causes d’incendie élucidées, 36 cas concernent des feux de cuisine (combustion spontanée) qui ont provoqué pour plus de 820’000 francs de dommages.
Dommages éléments naturels
Plus que la violence d’un événement, c’est la succession d’épisodes d’intempéries très violentes qui marque l’année 2021, dans toute la Suisse. Les dommages dus principalement à la grêle et aux inondations coûteront aux 19 ECAs plus d’un milliard de francs. Outre Neuchâtel, les cantons d’Argovie, Berne, Fribourg, Lucerne, Schaffhouse, Zoug et Zurich ont été les plus touchés.
Sur le plan financier, les 55.36 millions de francs de dommages pourront être absorbés grâce à la réassurance et aux réserves. En ce qui concerne les collaborateurs, la situation a été et reste plus délicate. Contrairement à 2013, où, à la suite de la grêle, les cantons voisins avaient pu appuyer l’ECAP, en 2021, au vu de la sinistralité généralisée, l’ECAP n’a pu compter que sur ses propres ressources. Grâce à l’appui des experts externes, dont certains ont fortement augmenté leur temps consacré à l’ECAP, le travail a pu être réparti entre une quinzaine d’experts. Il n’en demeure pas moins que de nombreux assurés ont dû faire preuve de patience, même si un premier contact a toujours été établi dans les jours suivants les sinistres. Le recours au guichet cartographique du canton (SITN) a permis de définir des zones géographiques attribuées à chaque expert afin de rationaliser les déplacements et garantir une équité de traitement entre les assurés.
Réassurance
En 2021, la réassurance contre les éléments naturels a pleinement joué son rôle de protection du capital de l’ECAP contre des événements extraordinaires. Avec une franchise de 7 millions de francs de dommages annuels, cette couverture n’intervient que rarement et seulement suite à des sinistres de grande ampleur. Avec des prestations qui devraient atteindre 29.5 millions de francs, soit le maximum contractuel, les indemnités de réassurance éviteront à l’ECAP de puiser de façon trop importante dans ses réserves.
Cette forte mise à contribution de la réassurance entraînera, dès 2022, une augmentation sensible de son coût.
En plus des versements de la réassurance, et pour la première fois depuis la création de la CIREN (Communauté intercantonale de risques éléments naturels) en 1995, l’ECAP touchera des prestations de ce pool, tout comme les cantons de Lucerne et Zoug. Toutefois, en raison du montant très élevé des dommages dans ces deux cantons (près d’un demi-milliard de francs) l’ECAP sera en 2021 plus fortement contributrice que bénéficiaire de la solidarité intercantonale.
En ce qui concerne la réassurance contre les dommages dus aux incendie, les réorganisations entrant en vigueur au 1er janvier 2022 permettront une baisse d’environ 12% de son coût, en raison d’une diminution des frais administratifs, pour des couvertures demeurant inchangées.
Contrôle UIR
Les contrats de réassurance conclus avec notre instance faîtière, l’Union intercantonale de réassurance (UIR), prévoient que chaque fois qu’un canton bénéficie de ses prestations, un contrôle de la tenue des dossiers et du bienfondé des indemnités octroyées doit intervenir dans l’année qui suit. Un tel audit s’était déroulé en septembre 2020 suite aux événements de Dombresson en 2019. L’UIR étant à nouveau sollicitée pour les sinistres de 2021, un contrôle aura à nouveau lieu en automne 2022.